Gabrielle Aznar, de son nom d'artiste, vit dans le dix-neuvième arrondissement de Paris. Sa rue porte un nom floral au parfum suranné qui lui va bien.
Une amie commune l'a un jour qualifiée de "poupée punk", et cette expression s'accorde à la fois à son minois – yeux de biches et piercing en guise de grain de beauté – et à son univers créatif, d'une part parce qu'elle pratique "l'Art Doll", d'autre part parce qu'elle n'hésite pas à confronter les genres, à mêler "trash et paillettes", selon ses propres termes.
La poupée textile est sa pièce maîtresse, déclinable à l'infini mais toujours unique et artisanale, personnalisable à l'envi (les demandes les plus pointues sont prises en compte), objet d'attachement que l'on aime offrir ou collectionner. Elle propose, entre autres poupées, des "poupées écharpes" – que l'on porte comme un renard, que l'on expose sur un mannequin de couture, ou que l'on dispose sur un sofa pour s'en faire une gracieuse amie – et, son grand succès, des mini poupées réalisées à l'éfigie de qui l'on souhaite, d'après photo. Ainsi, on peut se faire "tirer le portrait " en tissu : le résultat est d'autant plus charmant et amusant! Voire addictif, pour certaines clientes, qui prennent goût à immortaliser leurs tenues préférées, ou à figer les moments importants de leur vie dans ces versions miniatures d'elles-mêmes.
La poupée-écharpe Fiona
Mini poupée Laurence (réalisée sur commande d'après photo)
Mini poupée Anne-Sophie (réalisée sur commande d'après photo)
Un portrait de famille réalisé en petites poupées
Cadre décoratif avec mise en scène de fleurs brodées, réalisé pour les noces d'or de "Monique et Jean-Claude", d'après leur photo de mariage
Petites poupées à l'éfigie des amies de la créatrice (je suis à gauche!) et représentant les décennies mode du XXème siècles, des années 1900 aux années 1970
Collaboration avec la marque "Alice + Olivia" : 10 poupées réalisées d'après les tenues de la collection.
Gabrielle Aznar complète le panel de ses produits par des accessoires davantage pensés pour la vie de tous les jours et à prix très accessibles, tels que les barrettes et les sacs, le tout à base de tissus imprimés, travaillés à grand renfort de customisation, et souvent avec des broderies qu'elle réalise à la machine à partir de ses dessins.
Le stock de motifs aux contours brodés, utiles à la réalisation de petites pièces comme les barrettes
Le stock de barrettes, finies et sur étiquettes à son nom
Broche crâne rose fluo "Memento Mori"
Patchs à coudre au contour brodé
Kit de manucure en tissu Thévenon "Persépolis". Pour moi qui connais très bien les tissus Thévenon principalement dédiés à l'ameublement, c'est intéressant de les voir exploités en tout petit format.
Vous vous demandez sans doute pourquoi Gabrielle a-t-elle choisi de s'exprimer par le tissu?
Elle a grandi au milieu des tapisseries d'Aubusson. Sa maman réalisait ces célèbres tissus d'exception – à une époque où les tapisseries étaient l'équivalent de tableaux – et lui a donné le goût du matériau textile, des techniques variées qui s'y rapportent, et de tout ce qu'il permet de créer. "On peut tout faire en tissu, s'émerveille Gabrielle, De la 2D comme de la 3D, il y a un côté fascinant"… Ses études lui ont permis d'approfondir ses connaissances en textile, et elle continue encore à apprendre, en visitant des ateliers par exemple, pour approcher d'autres savoir-faire. Elle possède des petits trésors qu'elle garde pour inspiration, et qui lui viennent pour la pulpart de son grand-père : "un jour, il m'a donné des boîtes remplies de tout un bazar : boutons, bouts de tissus, petits objets… ça a été le début des expérimentations. Aujourd'hui, je n'oserais plus y toucher".
Gabrielle Aznar me montre les choses qu'elle collectionne, héritées de son grand père ou chinées dans des brocantes : une plume d'autruche, de vieux boutons, des étiquettes de vêtements, un ancien porte-jarretelles, des boîtes… Ces éléments chargés de vécu stimulent son imagination.
Quel est le secret de Gabrielle Aznar pour vivre et travailler dans un même petit appartement, ce qui est souvent la condition des créateurs parisiens dont la problématique est de pouvoir rentabiliser une activité liée au fait main?
Une organisation bien pensée de son matériel. Les chutes de tissus sont classées dans des boîtes, par couleur. Le petit inconvénient, c'est d'avoir parfois besoin d'un morceau de jaune quand la boîte de jaune est tout en bas de la pile, il faut alors toutes les soulever et les déplacer… Les rubans, les perles, ont aussi chacun leur place. Les réalisations en cours sont conçues sur du mobilier facilement déplaçable ou pliable après usage, comme une petite table-plateau. La chambre de la demoiselle est consacrée pour moitié au stockage de ses matières premières. Le principe même des mini poupées impose de tout garder, car il faut à chaque fois tâcher de trouver la matière qui restituera le mieux le personnage tel qu'on le voit sur la photo. Heureusement que son compagnon, journaliste musical, est compréhensif, et que ses propres activités lui prennent moins de place!
de gauche à droite : fournitures, travail en cours, Gabrielle Aznar en train de coudre une poupée
Quoiqu'il reste beaucoup à dire ou à montrer, j'arrête ici cette rencontre avec Gabrielle Aznar, la créatrice qui a l'impression de "dessiner avec le tissu". J'espère que son univers vous aura séduit, et vous incite à visiter son site internet, son blog, et sa boutique en ligne.
Et peut-être aurez-vous maintenant envie, à votre tour, de couper, coudre, assembler, broder des tissus imprimés pour en faire naître des merveilles?
Gabrielle présente sa dernière petite poupée
Sacs à messages "la fiancée de l'espion" et "le sac de Marquise", poupée et barrettes